A propos Christophe Moreau :
L'histoire dans la peau, ...
Au delà de la pure démarche artistique, les tatouages ont cette particularité d'être intimement liés à la personne qui les porte; ils sont le reflet de son histoire, sa personnalité, son vécu ou encore ses rencontres. Volontairement exposés, ils deviennent un message adressé aux autres. Cette première série de l'exposition « l'histoire dans la peau » retranscrit la démarche de 8 personnes. Plus que des tableaux, des rencontres immortalisées pour l'occasion, croisant le regard du modèle, du tatoueur et finalement du dessinateur...
Mon travail est autobiographique, il s’inspire de mon quotidien, de mes expériences, de mes interrogations ; Il est le reflet de ces moments captés qui restent figés dans ma mémoire.
Au gré de mes rencontres, je deviens parfois le vecteur d’expression des émotions des autres que je tente de retranscrire au mieux dans mes tableaux. Mes œuvres deviennent alors le fruit du partage.
Lorsque l’image est en mémoire, tout consiste ensuite à retranscrire au mieux l’atmosphère qui émane du moment : supprimer certains contours, interpréter la lumière pour ne garder que l’essentiel. Car au final tout l’enjeu est là , se rapprocher au plus près de l’émotion originelle. Une recherche qui s’appuie sur des éléments qui peuvent sembler antinomiques : là où ma technique consiste en un rendu réaliste, ou du moins à retranscrire une certaine réalité, elle doit exprimer l’impalpable.
Mon travail débute par la construction d’une base photographique de plusieurs clichés qui me serviront de références. J’y pioche certains éléments (contrastes, lumières, détails et contours) afin de recomposer une image qui corresponde à mon idée.
Mes dessins conjuguent ensuite essentiellement deux techniques, la principale étant inspirée de mon apprentissage de l’aquarelle. A la manière du lavis, couche après couche de crayons, je fais monter les teintes, les contrastes, tout en ayant plus de précision que la peinture grâce à la finesse de la mine. Le tableau se construit zone après zone.
Et lorsque le sujet le demande c’est un travail inverse qui s’opère, proche de la sculpture. De grandes couches de poudre graphite sont appliquées sur le papier et fusionnées entre elles grâce à l’estompe, c’est alors grâce aux différentes gommes que je sculpte la matière pour définir les formes et dresser les contours du dessin final. Bien que travaillant d’après des bases photographiques, chaque tableau est une interprétation de la réalité.
Né en 1978 à Marseille, une partie de mon apprentissage s’est nourri au gré des rencontres et des échanges avec d'autres artistes. Une période riche d’expérimentations techniques, peinture à l'huile, pastel, modelage... avant de revenir aux techniques de mon enfance : la gouache, l’aquarelle et principalement le crayon.
Pendant cette période j’ai également développé l’observation : pour progresser j’ai appris à comprendre la logique d’un tableau et la technique d’un peintre pour pouvoir développer la mienne. J’avais alors pour modèle Dürer, Vermeer, Ingres ou encore Seurat. Chacun a influencé mon travail à différents niveaux : particulièrement touché par leurs dessins, leurs gravures, j’en ai gardé un attrait particulier pour le noir et blanc, son rendu subtil et son pouvoir d’évocation. J’ai également été influencé par leur précision et leur capacité à maîtriser la lumière, élément qui tient aujourd’hui une place centrale dans mon travail.
Mon travail s’est ensuite peu à peu détaché de la seule technique, me permettant d’exprimer ainsi une certaine perception des choses. En ce sens je me détache du courant hyperréaliste, car bien que travaillant d’après une base photographique, il ne s’agit plus seulement de reproduire au plus près la réalité, mais bien d’affirmer aujourd’hui à travers mes dessins, mon propre regard sur le monde qui m’entoure.